L'Astrologie
L'astrologie est un ensemble de traditions et de croyances qui soutient que la position des planètes dans le système solaire apporte des informations permettant d'analyser ou de prédire des événements humains, collectifs ou individuels.
L'usage populaire du terme astrologie renvoie généralement à l'astrologie occidentale, à laquelle le présent article est consacré.
Ses versions populaires sont les horoscopes des revues ou les affinités des signes du zodiaque. Si elles sont généralement considérées comme des échos lointains et déformés de l'astrologie historique, elles en restent la manifestation et l'expression la plus répandue.
Les scientifiques considèrent l'astrologie comme une pseudo-science ou une superstition, l'ensemble des recherches menées depuis la fin du 19e siècle ayant abouti à la réfutation des prétentions de la discipline.
Face à ces considérations, les défenseurs de l'astrologie tendent à en réduire le caractère déterministe. Selon certains astrologues, leur discipline n'a même pas pour but premier la prédiction de l'avenir, l'astrologie pouvant notamment être une voie du développement personnel
Les croyances associées à l'astrologie restent populaires (voir ci-après). Un sondage mené en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne indique qu'une personne sur quatre pense que « la position des étoiles et des planètes peut affecter la vie d'une personne »
Étymologie
Le mot « astrologie » vient du grec αστρολογία, de άστρον, astron, (« étoile ») et λόγος (logos), dont la signification est liée à la notion de « discours » (λογία est un suffixe désignant d'une manière générale une discipline ou une matière d'enseignement). Étymologiquement, l'astrologie est donc le « discours sur les astres » : elle s'intéresse principalement au soleil et aux planètes du système solaire et, dans une moindre mesure, aux étoiles (Spica, Antarès, Regulus, par exemple) et aux nébulosités (Andromède), appelés astres fixes ou étoiles fixes.
Définition Il existe un grand nombre de pratiques astrologiques différentes, mais certaines constantes se dégagent :
L'astrologie est l'étude des relations supposées entre les affaires terrestres et les phénomènes célestes en général.
Plus précisément, elle repose sur 4 cycles principaux et leurs applications analogiques :
- le jour (astronomiquement : la rotation de la Terre sur elle-même)
- le mois (astronomiquement : le cycle soli-lunaire)
- l'année (astronomiquement : la rotation de la Terre autour du Soleil)
- la « grande année » (astronomiquement : le cycle de la précession des équinoxes, d'une durée d'environ 25 800 ans)
À partir de ces cycles, ont été mises au point diverses techniques, dont les principales utilisent :
- la position des planètes, des luminaires (Soleil et Lune), des comètes et des astéroïdes (depuis leur découverte au xixe siècle) :
- sur (ou autour de) l'écliptique, un indicateur de leur trajectoire apparente dans le ciel, et/ou sur l'arrière-plan des étoiles et/ou des constellations, zodiacales et/ou autres.
- par rapport aux autres (planètes, luminaires, etc.), en prêtant une attention particulière aux angles formés (les aspects : conjonction (0⁰) et opposition (180⁰), angles divers (carrés (90⁰), trigones (120⁰), quintiles (72⁰, soit un cinquième de cercle) depuis Kepler, etc.)
- dans le ciel local ( l'horizon, au zénith et au nadir) dont le découpage est utilisé de diverses manières (systèmes des maisons astrologiques), et dont l'application la plus connue est l'ascendant.
- les cycles de ces corps célestes et de certains axes (axe des éclipses, axes des équinoxes et des solstices, essentiellement8) :
- cycles régulateurs de la vie sur terre : cycles du Soleil, de la Lune ;
- cycles simples de Mercure, Venus, Mars (presque 2 ans), Jupiter (12 ans), Saturne (29 ans) ;
- cycle de la précession des Nœuds Lunaires (également appelé Axe du Dragon, ou Tête et Queue du Dragon) (18,6 ans) ;
- cycles simples des planètes transaturniennes et des corps transaturniens : Chiron (50 ans), Uranus (84 ans), Neptune (165 ans), Pluton (246 ans) ;
- cycles des nouveaux corps découverts aux confins de notre système solaire, dits objets transneptuniens ou TNO 9, orbitant dans la Ceinture de Kuiper : Varuna, Ixion,Quaoar, Orcus, Hauméa, Makémaké, etc. ; ou croisant au large de la Ceinture de Kuiper, dans la Falaise de Kuiper : Eris (557 ans), Sedna (durée du cycle estimée de 10 500 à 12 000 ans), etc ;
- cycles des systèmes doubles ou triples, marquant des périodes plus ou moins longues, à l'image du cycle soli-lunaire : cycle Jupiter-Saturne (20 ans) 10 (cycle parfois appelé cycle de la Grande Conjonction11, et traditionnellement associé au passage des décennies) ; cycle Uranus-Neptune (170 ans) ; cycle Neptune-Pluton (495 ans)12 ;
- ères dites astrologiques (s'étendant sur des millénaires : 2160 ans environ) ;
- grand cycle de la précession des équinoxes ("Grande Année") (s'étendant "actuellement" sur 25 760 ans, soit 26 000 ans environ) ;
- cycles encore plus longs : cycle de la variation de l'obliquité (inclinaison de l'équateur sur l'écliptique) (41 000 ans), cycle de la variation de l'excentricité de l'orbite terrestre (413 000 ans, plus une composante qui fluctue entre 95 000 et 125 000 ans) ; avec la précession des équinoxes, ces 3 paramètres (dits Paramètres de Milanković) interviennent dans les variations climatiques planétaires naturelles à long terme : périodes glaciaires et réchauffements interglaciaires) ; ces cycles longs sont donc de la plus haute importance pour la survie des civilisations, qui ont donc tout intérêt à en tenir compte13.
Dans la pratique astrologique concrète, de nombreux éléments sont utilisés. Ces éléments sont principalement 14 :
- les planètes (incluant les luminaires et les planétoïdes) (Soleil, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Chiron, Uranus, Neptune, Pluton, etc.)
- les étoiles fixes (principalement : Algol, les Pléiades, Aldébaran, Rigel, Capella, Sirius, Procyon, Régulus, Spica, Arturus, Antarès, Véga, Altaïr, Fomalhaut, Achernar) ;
- les points fictifs (nœuds Nord et Sud de la Lune, Lune Noire, queue de la Lune Noire, nœuds des planètes, Soleil Noir, part de fortune et autres parts, vertex, etc.) ;
- les signes du zodiaque tropical (au nombre de 12) (Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons) ;
- les constellations du zodiaque (en astrologie sidérale) ;
- les demeures de la Lune (27 Nakshatra, en astrologie védique ; 27 Xiu, en astrologie chinoise ; 28 jours lunaires, en astrologie arabe) ;
- les degrés symboliques du zodiaque tropical (au nombre de 360) ;
- les axes de l'horizon et du méridien (relativement à la position géographique) ;
- les systèmes de domification (Placidus, Campanus, Régiomontanus, Morinus, Alcabitius, Porphyre, Koch, védique, topocentrique, égal, entier, nul, etc.) ;
- les maisons (numérotées de 1 à 12) (exemple : la maison 6) ;
- les cuspides des maisons (principalement : l'ascendant, le descendant, le milieu du ciel, le fond du ciel) ;
- les éléments (quadruplicité : Feu, Air, Terre, Eau) ;
- les modes (triplicité : cardinal, fixe, mutable) ;
- les aspects en longitude (aspects majeurs : conjonction, opposition, trigone, carré, sextile ; aspects mineurs : quintile, semi-sextile, quinconce, octile, sesqui-carré, novile, etc.) ;
- les aspects en latitude (parallèle de déclinaison et contre-parallèle) ;
- les aspects applicants ou séparants (c'est-à-dire qui se trouvent en phase d'application ou de séparation) ;
- les planètes rétrogrades (c'est-à-dire qui se trouvent en phase de rétrogradation) ;
- les mi-points.
À ceci s'ajoutent les significations des diverses interactions de ces éléments :
- les planètes et points fictifs en signes (exemples : Mercure en Vierge ; nœud Sud en Vierge) ;
- les planètes et points fictifs en maisons (exemple : Mercure en maison 6 ; nœud Sud en maison 6) ;
- les cuspides des maisons en signe (exemples : ascendant Vierge ; maison 6 en Vierge) ;
- les signes interceptés et les maisons liées
- les maîtrises planétaires (exemple : Mercure est considéré comme étant maître des Gémeaux et de la Vierge) ;
- les réceptions mutuelles entre des planètes en signes ;
- les aspects entre planètes (exemple : Mercure opposé à Neptune) ;
- les planètes isolées (c'est-à-dire qui ne forment aucun aspect majeur) ;
- les configurations d'aspects (amas, stellium, grand trigone ou triangle majeur, triangle mineur, cerf-volant, yod ou « doigt du ciel », boomerang, bateau ou tente, maison, étoile de David, étoile à 5 branches, grand carré ou croix cosmique, T-carré, rectangle mystique, autres rectangles) ;
- les formes générales de répartition des planètes dans le thème astral (coin ou grappe, bol ou hémisphère, éventail, seau ou entonnoir, balançoire, trépied ou extension, croix, locomotive, éclaboussure) ;
- les thèmes harmoniques.
À ceci s'ajoutent enfin, pour l'astrologie dite prédictive :
- les transits planétaires (exemple : Neptune en transit sur Mercure natal en Vierge) ;
- les progressions (directions symboliques, sirections primaires, directions secondaires, thèmes progressés, révolutions solaires, etc.) ;
- les éclipses du Soleil et celles de la Lune ;
- les passages de comètes15.
Astrologie et Astronomie
On rencontre souvent l'affirmation selon laquelle les Anciens ne distinguaient pas l'astrologie de l'astronomie. Les astronomes grecs de l'Antiquité, même s'ils ne l'affirmaient pas explicitement, faisaient clairement la différence. Ptolémée traite d'astronomie et d'astrologie dans deux ouvrages distincts, respectivement l'Almageste et le Tetrabiblos.
L'astrologie s'est toujours nourrie des découvertes de l'astronomie. En effet, l'astrologie se fonde sur des calculs astronomiques pour établir les thèmes astraux, et souhaite utiliser les éphémérides les plus précises possible pour déterminer les positions des corps célestes. En outre, avant la diffusion à grande échelle de ces éphémérides (ou des logiciels qui les incluent), l'astrologue devait lui-même, et souvent à l'œil nu, déterminer les positions des astres. Il fallait donc nécessairement être aussi astronome avant de prétendre être astrologue.
Histoire de l'astrologie Selon Geoffrey Cornelius et Paul Devereux, « plus d'un site archéologique antique présente des preuves irréfutables d'un alignement avec des phénomènes tels les levers de Soleil aux solstices et équinoxes, les couchers de Lune aux maxima et minima de déclinaison et, parfois, avec les étoiles ou les planètes. »16.
Pour l'observateur contemporain comme pour son ancêtre paléolithique, le ciel nocturne est un motif d'émerveillement. La Voie lactée a été vue dans la plupart des cultures comme une sorte d'élément fluide primordial (Voir Interprétations mythologiques de la Voie lactée). Sur un plan astronomique, nous « venons » effectivement de ce grand ensemble—c'est notre galaxie.
Ce n'est que bien plus tard dans l'histoire, avec Aristote, qu'allait être introduite la spéculation que la Voie lactée n'était qu'un phénomèneatmosphérique infralunaire, croyance qui allait perdurer jusqu'au Moyen Âge.
Les astérismes sont reconnaissables par l'astronome moderne comme pour l'observateur paléolithique parce qu'ils présentent des régularités, que l'on nomme gestalts. La façon dont les observateurs perçoivent, de façon reproductible et prévisible, les constellations est un exemple paradigmatique dans la théorie de la perception gestaltiste.
Cependant, ce spectacle nocturne est remarquablement immuable. Si l'on excepte les occasionnelles météorites, seules les planètes (et bien entendu la Lune) se meuvent dans le ciel nocturne, sur ce qui semble être un chemin : l'écliptique. Ce sont ces processions, perçues comme irrégulières, et ces occasionnelles conjonctionsqui sont les bases empiriques des théories astrologiques. Mercure et Vénus, qui sont plus proches du Soleil que l'est la Terre, semblent accompagner le Soleil, se trouvant tantôt « devant », tantôt « derrière » celui-ci (sur le chemin de l'écliptique), ce qui donnera lieu à des explications animistes.
Selon certaines analyses, l'astrologie serait née du constat de relations entre des phénomènes terrestres et ces mouvements apparents (comme les saisons ou la conjonction entre la position de la Lune et du soleil et les marées) conduisant l'homme à créer un lien de cause à effet entre eux et parfois à diviniser les corps célestes. Dès lors, un travail d'observation (calcul des éphémérides, production de calendriers) aurait été mené de front avec un travail distinct d'interprétation d'abord à partir du soleil et de la lune seulement ("Luminaires") puis à partir de l'ensemble connu des corps célestes du système solaire.
L'idée d'une correspondance symbolique entre la configuration céleste et les affaires du monde a progressivement conduit à la construction d'unsymbolisme astrologique.
Cette correspondance n'est d'ailleurs pas toujours analysée comme une influence des astres sur les affaires du monde (par laquelle l'humain ou les circonstances seraient déterminés par la position des astres, l'interprétation la plus populaire de l'astrologie), mais comme un miroir céleste des affaires du monde, qui ne l'influence pas mais le reflète, une lecture de la vie offerte aux hommes par les forces de la nature.
Les différents niveaux d'interprétation (conjectures physiques et conjectures humaines) cohabitent un certain temps, puis vont progressivement en se dissociant. Ce développement des pratiques donnera naissance à l'astronomie (qui s'en tient à l'observation, à la description et aux prédictions calendaires), laissant à l'astrologie les aspects ésotériques de conjectures sur les liens entre le ciel et la conduite des activités humaines.
Son support étant les astres, l'astrologie est l'une des pratiques divinatoires particulièrement répandues dans l'histoire des cultures. On peut ainsi citer l'existence spécifique d'astrologies maya, arabe, égyptienne, chinoise, indienne et bien sûr occidentale (dont il est principalement question dans cet article).
Antiquité orientale
Les premiers écrits connus concernant les astres remontent à 5 000 ans, sous la forme de tablettes d'argile sur lesquelles ont été consignés tous les relevés des mouvements planétaires observés par des prêtres érudits de Mésopotamie17. Ces observations étaient faites dans un cadrereligieux18. Le mouvement des astres étant perçu comme volonté divine, les prêtres ou astrologues servaient de traducteurs. Leurs connaissances étaient celles d'initiés, les enseignements des temples étant tenus secrets19. L'astrologie fut longtemps le privilège des seuls souverains. Cela peut être considéré comme l'origine de l'astronomie. La fonction de prêtre était liée à celle d'astrologue, car dans l'esprit des Babyloniens, des sacrifices ou des rites expiatoires pouvaient concilier les dieux20. Le fatalisme astral se développa tardivement, après la conquête de la Babylonie par le roi Perse Cyrus en 539 av. J-C. et la confrontation avec la doctrine de Zarathoustra21.
La croyance en la prédétermination du caractère et de la destinée ouvrit la voie à l'astrologie individuelle. Les plus vieux horoscopes22 connus proviennent de Babylone et datent de 410 av. J.-C23. L'historien W. E. Peuckert parle d'une première division du zodiaque en onze secteurs24 opérée par les Sumériens qui serait devenue une division en douze secteurs du fait des Babyloniens. Selon Jean-Pierre Nicola 25, les premiers thèmes astraux individuels sont apparus lors du ve siècle avant notre ère, avec une référence à douze signes. Ces douze signes sont énumérés dans un texte cunéiforme datant de 419 av. J.-C. ; il s'agissait alors d'un zodiaque sidéral (correspondant aux constellationsdu zodiaque)26.
Parallèlement à cette astrologie, des systèmes différents se forment en Chine, en Amérique précolombienne et sans doute dans d'autres civilisations. Mais l'astrologie chinoise et l'astrologie chaldéenne sont les seuls systèmes ayant perduré jusqu'à nos jours. Tous les systèmes d'astrologie actuellement connus dérivent d'un de ces deux systèmes (ou des deux, cas de l'astrologie tibétaine).
En Inde, les astrologues n'étaient pas d'anecdotiques prédicateurs. Ils avaient construit une « science des lumières célestes » et proposaient des remèdes pour les soucis du quotidien.
Antiquité gréco-romaine
De Chaldée, l'astronomie-astrologie se répand en Grèce après les conquêtes d'Alexandre le Grand27. De là, elle se diffusera dans tout l'empire grec, en Inde, en Égypte puis jusqu'à la Rome antique tout en devenant plus structurée, moins religieuse et donc plus populaire. En Grèce, Hippocrate et Galien (à l'exemple, sans doute, des prêtres égyptiens) feront de l'astrologie l'un des fondements de la médecine, associée à la théorie des quatre éléments qui existait déjà auparavant28. Platon tient les astres pour « vivants divins et éternels », des « dieux visibles » (Timée, 39e-40d).
Dans son Histoire de l'astrologie29, Wilhelm Knappich a écrit : « Sous l'influence des philosophes et des mathématiciens grecs, la divination babylonienne qui avait jusque-là un caractère général (N.B. : il veut dire collectif) devint l'astrologie individuelle hellénistique, création étrange se situant entre la religion astrale et la science, entre la spéculation métaphysique et l'expérience objective. Elle est parvenue jusqu'à nous avec ses contradictions et ses énigmes. »
La première synthèse magistrale de l'astrologie occidentale, le Tetrabiblos, fut écrite par l'alexandrin Ptolémée à l'époque de la domination romaine en 140, posant les principes de ce qui va devenir l'astrologie moderne. Ce dernier a laïcisé l'astrologie héllénistique, ne faisant pas référence aux dieux grecs dans son exposé théorique, ce qui a permis sa large diffusion dans les mondes arabe et chrétien du Moyen Âge30. Compilateur plutôt que praticien, à la différence de Vettius Valens, Ptolémée a cherché à bâtir un modèle rationnel pour l'astrologie basé sur la doctrine aristotélicienne causaliste31 et il a écarté les éléments qui le gênaient32. En particulier, les maisons astrologiques se voient attribuer une faible importance dans le Tetrabiblos33 alors que Vettius Valens, qui est jugé plus représentatif des pratiques horoscopiques de cette époque, leur a accordé une grande place dans son œuvre34.
Successeur d'Hipparque, qui a découvert la valeur de la précession des équinoxes35, Ptolémée a remplacé le zodiaque sidéral, qui prenait pour point de repère une étoile fixe36, par le zodiaque tropical commençant au point vernal. D'autres l'avaient précédé dans cette démarche, mais c'est l'autorité de Ptolémée qui fit vraiment école37.
Astrologie arabe
En l'an 529, l'empereur Justinien fit fermer les écoles de philosophie d'Athènes. Les érudits de l'époque, les maîtres du néo-platonisme, se réfugièrent à Gundishapur chez les Sassanides en Perse. L'astronomie, la médecine, la philosophie, etc. se développèrent intensément dans cette académie de Gundishapur où confluèrent des érudits de tous bords. Les conquêtes musulmanes s'emparèrent de Gundishapur qui avait une grande réputation. Cette école de Gundishapur eut une grande influence sur le développement de la civilisation arabo-musulmane. À la demande des califes, les auteurs de l'Antiquité, notamment Aristote furent traduits en arabe, souvent depuis le persan ou le syriaque. Vers 850, Alkindi (c'est-à-dire Ya' kûb ibn Isâk Sabbâh al Kindi), originaire de Bassorah, traduisit de nombreux textes en arabe, dont ceux d'Aristote, mais il écrivit aussi plus de 200 traités sur tous les sujets possibles, dont l'astronomie, qui à l'époque ne se distinguait pas de l'astrologie. Une de ses contributions la plus importante fut sa doctrine des conjonctions entre les planètes et leur influence sur les phénomènes naturels et sur les impulsions donnant naissance aux grands événements historiques. Son disciple, Albumasar(mort en 886) fut un astrologue de Bagdad qui propagea les idées d'Al-Kindi dans son « Liber magnarum coniunctionum » lequel eut une forte influence sur l'astrologie du Moyen Âge38.
Un autre astrologue important fut Thébit (mort en 901). Il était Sabéen, originaire d'Harran, où il recueillit les connaissances astrologiques mésopotamiennes qui vinrent enrichir les connaissances arabo-musulmanes. Il vécut à Bagdad et devint l'astrologue du calife d'Antioche. Il enseignait notamment que chaque planète possédait un daemon, c'est-à-dire un esprit ou une intelligence qui la guidait. L'astrologie arabe s'est tout spécialement développée grâce à l'afflux des érudits perses, syriens, juifs, etc. qui à partir de 850 affluèrent vers les nouveaux centres intellectuels créés par les califes de l'Islam. Le JuifMashallah par exemple vécut à la cour d'Al Mansur. Il fut l'auteur d'une vingtaine de traités d'astrologie39.
À la suite de l'occupation de l'Espagne par les Maures, l'astrologie revint en force dans la civilisation européenne au Moyen Âge39.
oyen Âge[modifier | modifier le code]
Pendant la période chrétienne, l’astrologie connaîtra une situation ambigüe. Mise au ban de la société par l’Église, comme toutes les pratiques divinatoires, lors du concile de Tolède de l’an 447, elle est pratiquée dans les cours royales, et continue à être étudiée par les érudits, même religieux (Albert le Grand, maître de Thomas d'Aquin, est l’auteur d’un traité d’astrologie). Charles V s’occupait d’astrologie et fonda à Paris un collège d’astrologues. Louis XI consultait les siens en toutes circonstances. Catherine de Médicis avait fait élever en son hôtel (Hôtel de Soissons) une colonne qui aurait pu servir à consulter les astres. Elle rencontra Nostradamus et eût plusieurs astrologues personnels, dont le nommé Côme Ruggieri. Louis XIII fut surnommé le juste, parce qu’il était né sous le signe de laBalance. L’astrologie est également en faveur sous les empereurs Charles IV, et Charles Quint avait prescrit l’enseignement de cette discipline, ce que préconisaient d’ailleurs beaucoup d’hommes éminents de l’époque. Elle fut à l’honneur à Rome sous les papes SixteIV, Jules II, Léon X, et Paul III.
Renaissance[modifier | modifier le code]
À la Renaissance, la découverte de l’héliocentrisme du système solaire, qui pourtant a été imaginé et défendu par les astronomes / astrologues de l’époque, vient mettre à mal, selon certains, l'anthropocentrisme de l’astrologie : Pic de la Mirandole (puis Jérôme Savonarole reprenant les arguments de celui-ci) l’ont largement condamnée. Ce n’est pas le cas d’astronomes et astrologues commeGalilée et Kepler de même que Tycho Brahe, ou Cassini, le premier directeur de l’Observatoire de Paris.
Dans la préface de ses Tables Rudolphines, Kepler fait observer que l’astrologie, toute folle qu’elle est, est la fille d’une mère sage, et que la fille folle est indispensable pour soutenir et faire vivre sa mère. Ce commentaire sera interprété par Voltaire, dans son Traité sur la tolérance (1767), de manière restrictive : « La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille très folle d’une mère très sage ». La citation de Kepler a été souvent reprise erronément, et l'est encore aujourd'hui41,42 pour soutenir la thèse que les grands esprits de la Renaissance comme Galilée, Cassini ou Kepler n'étaient astrologues que par contrainte, pour avoir les moyens de s'adonner à la véritable science :
« Souvent les travaux astrologiques de Kepler et Tycho Brahe sont invoqués par les défenseurs de cette pseudo-science. Kepler est pourtant très clair sur sa valeur et justifie sans ambiguïté la pratique des prédictions en disant que la vénale astrologie permettrait à l'astronomie de vivre. »
— Éric Lindemann (1999) L'astronomie Mécanique : une introduction par l'histoire de l'astronomie43
Elle ne visait pourtant que l'astrologie populaire, tant décriée pour ses excès et superstitions : « La philosophie, et par conséquent l'astrologie authentique, témoigne de l'œuvre de Dieu et est donc sacrée. Ce n'est en aucune manière une chose frivole. Pour ma part, je ne souhaite pas la déshonorer. »44 Dans le titre d'un manifeste adressé aux intellectuels de son temps, Kepler leur demande d'écouter, dans cette controverse sur l'astrologie, une troisième voix, d'où son titre abrégé, Tertius Interviens (Warnung an etliche Gegner der astrologie das Kind nicht mit dem Bade auszuschütten - « avertissement aux adversaires de l'astrologie afin qu'ils ne jettent pas le bébé avec l'eau du bain »). La première (celle des médecins, philosophes et théologiens) ordonne d'abandonner l'astrologie, qui ne serait qu'une superstition—la « fille folle de l'astronomie ». La seconde, celle des astrologues populaires, voudrait la conserver, avec toutes ses superstitions.
« J'ai souvent exprimé combien il était mal avisé de rejeter une chose complètement à cause de ses imperfections; par ce procédé, même la science médicale n'aurait été épargnée (...) Un nombre modeste de prédictions d'événements (de nature générales) effectuées au moyen de la prédiction des mouvements célestes sont bien fondées dans notre expérience45 »
— Kepler, Johannes. (1610) Tertius Interviens. Extraits traduits dans Kepler's Astrology (Excerpts selected and translated) Dr Kenneth G. Negus En ligne.Galilée, comme son confrère, ne doutait aucunement de la valeur de l'astrologie, bien au contraire : cela lui valut ses premiers ennuis avec l'Inquisition46. Depuis le Moyen Âge, et Thomas d'Aquin en particulier, il s'exerçait une lutte d'influence au sujet des événements célestes : Roger Bacon, « père de l'empirisme moderne », en aurait été une des premières victimes, puisqu'il aurait été emprisonné pour avoir osé affirmer que la naissance de Jésus de Nazareth était sous l'influence d'uneGrande Conjonction (conjonction Jupiter-Saturne).
Le clergé surveillait ces astrologues qui, au cours de leurs prédictions, tendraient à franchir la limite qui sépare l'astrologie et la théologie, et remplaceraient la grâce de Dieu par le déterminisme des astres. Galilée, dont on a conservé notamment le thème et celui d'une de ses filles, voyait les planètes comme d'importants facteurs causaux dans le développement de la personnalité, sans toutefois être aussi déterministe que ses accusateurs le prétendaient46. En effet, en 1604, un de ses domestiques, Signor Silverstro, l'aurait dénoncé aux autorités entre autres pour avoir professé une doctrine du fatalisme astral, pour (haver ragionato che le stelle, i pianeti at gl'influssi celestine necessitino.« avoir raisonné que les étoiles, les planètes et les influences célestes déterminaient (les événements) », accusation de la plus grande gravité pour l'Inquisition46.
Loin de se rétracter lors de la publication du texte fondateur de l'astronomie moderne, le Sidereus Nuncius, où il décrit le comportement des corps gravitant autour de Jupiter, il récidive, en appelant, comme il le fera lors de sa confrontation avec Bellarmin, à l'observation plutôt qu'à la théorie47, à la persuasion des non-scientifiques plutôt qu'aux argumentations avec les tenants des dogmes établis48
- « Alors, qui ne sait pas que la clémence, la bonté du cœur, la douceur des mœurs, la splendeur de sang royal, la noblesse dans les fonctions publiques, une vaste étendue d'influence et de pouvoir sur les autres, qui ont tous fixé leur demeure commune et siègent en votre Altesse - qui, Dis-je, ne sait pas que ces qualités, en fonction de la providence de Dieu, de qui toutes les bonnes choses viennent, émanent de l'étoile la plus bénigne, de Jupiter? », une émanation relayée par l'ascendant de son Altesse :
- « Jupiter, Jupiter, dis-je, au moment de la naissance de Votre Altesse avait déjà passé la lenteur des vapeurs ternes de l'horizon et occupait le Milieu du Ciel, à partir de quoi il éclairait l'angle de l'Est... » (angle de l'Est qui était régi par Jupiter puisque le monarque avait le Sagittaire à l'ascendant, comme le souligne Galilée46.
Dès lors, il peut paraître étonnant que Galilée, tout comme Képler, aient entretenu des doutes sur la place véritable de l'astrologie au sein de la science. Tandis que Képler voyait dans la bonne astrologie une indication de tendances générales, et surtout une branche fondamentale de la philosophie44, Galilée exprimait son étonnement devant ledéterminisme astral absolu d'un Morin de Villefranche, mathématicien à Paris :
- « Je suis étonné que Morin tienne en une estime extrêmement élevée l'astrologie judiciaire [l'astrologie prédictive] et sa conviction que ses conjectures (qui me semblent incertaines, sinon très incertaines) puissent établir la certitude de l'astrologie, et ce serait vraiment une chose merveilleuse si -- comme il le promet -- il pouvait, rusé comme il est, placer l'astrologie à la plus haute position des sciences de l'homme, et je vais attendre avec beaucoup de curiosité de voir cette innovation merveilleuse. »
En France, sous la pression des jésuites, Colbert la raye finalement des disciplines académiques et en interdit l’enseignement en faculté en 1666. Le poste d’astrologue royal est supprimé à cette époque. Un Essai de justification de l’astrologie judiciaire (BM. Angoulême MS 23) 1696 ne sera jamais publié[réf. nécessaire].
En Angleterre, elle ne sera rayée des disciplines académiques qu’un siècle plus tard. Isaac Newton l’étudie encore en université, « pour voir ce qu’il y a de vrai ». Pour des raisons religieuses, il s'opposait à l'astrologie judiciaire, mais ne contestait pas pour autant un lien astrologique entre les astres et les affaires humaines49. Dans sa Chronology of Ancient Kingdoms, Amended(Chronologie des anciens royaumes, amendée), il décrit comment l'astrologie serait née de sa mère, l'astronomie :
- « After the study of astronomy was set on foot for use of navigation... and Nechepsos (sic) or Nicepsos (sic) King of Sais, by the assistance of Petosiris a Priest of Egypt, invented Astrology, grounding it upon the aspects of the Planets, and the qualities of the men and women to whom they were dedicated.... »50
De fait, les premières tables lunaires calculées ensuite d’après la théorie de Newton, furent d’abord destinées à servir aux observations des astrologues[réf. nécessaire].
Le judaïsme pour sa part, en dépit de mises en garde dans le Talmud à propos du Mazal – terme qui désigne les constellations – fait largement appel, au Moyen Âge, à l'astrologie pour ses commentaires de la Bible, notamment chez Abraham Ibn Ezra, par ailleurs auteur de traités d'astrologie qui seront traduits en ancien français et en latin51. Mais l'influence de Maimonide marquera durablement le judaïsme moderne par son rejet de l'astrologie avec sa Lettre aux Juifs de Provence et son Épître au Yémen, où l'on dénonce l'incapacité des astrologues de Pharaon et de Nabuchodonosor II de prévoir leur future débâcle.
Des Lumières à l'époque moderne[modifier | modifier le code]
L'astrologie est considérée par les penseurs des Lumières comme l'exemple archétypal de la superstition, de la croyance dans des forces occultes et supérieures52. Pour eux, combattre l'astrologie semble relever d'un combat général ainsi que d'un engagementpolitique en faveur de la laïcité et du rationalisme, contre l'obscurantisme. Assez paradoxalement, leurs arguments critiques contre l'astrologie apparaissent moins logiques que rhétoriques (utilisation d'arguments principalement polémiques53 ou d'autorité54 plutôt qu'une démarche raisonnée).
En cette toute fin du xviiie siècle, époque du rationalisme triomphant, le divorce entre l'astronomie et l'astrologie est ainsi finalement prononcé. En France, l'astrologie se cantonna longtemps à des milieux ésotérico-clandestins (spirites, kabbalistes, théosophes...)55. Dans l'Empire britannique, son statut évolua avec le théosophe Alan Leo, qui en fit plus un outil d'analyse caractérologique que de prédiction, tout en soutenant que Le caractère fait le destin56.
L'astrologie réapparaît dans le champ scientifique par la porte de la psychologie des profondeurs. Au cours de son exploration des symboles anciens, Carl Gustav Jung dit découvrir, contre toute attente, une relation tenace entre l'astrologie et la psychologie :
- « Ce qui est surprenant, c'est qu'il y a vraiment une curieuse coïncidence entre les faits astrologiques et les faits psychologiques, de sorte que l'on peut isoler un moment dans le temps à partir des caractéristiques d'un individu, et aussi, l'on peut déduire des caractéristiques d'un moment dans le temps. »57
Au xxe siècle, l'astrologie réapparaît dans des almanachs, magazines, puis émissions radiophoniques. L'astrologie trouve aussi une place considérable dans le mouvement New Age. Ses nouvelles versions affirment intégrer les valeurs symboliques des planètes orbitant au-delà de Saturne et des astéroïdes ainsi que de nouvelles théories, comme l'astrologie statistique.
Pratiques actuelles[modifier | modifier le code]
L'astrologie recouvre au début du xxie siècle des pratiques et des approches très différentes, au point qu'il est plus juste de parler d'astrologies au pluriel.
Il existe de nombreuses écoles : astrologie psychologique, astrologie conditionaliste, astrologie karmique, astrologie humaniste, etc..
Ces pratiques astrologiques diffèrent à la fois par leurs symboliques, par les techniques utilisées, et selon les objets ou domaines auxquels elles sont appliquées, que ce soit par exemple en psychologie, ou comme technique de prévision, en politique, en bourse, en médecine ou encore à la marche du monde (Astrologie mondiale). La symbolique des astres et de leurs mouvements est très souple, pouvant changer suivant le contexte et l'école de l'astrologue. Chaque objet a des symboliques propres et parfois des techniques particulières.
Les astrologies les plus en vogue actuellement en occident sont l'astrologie occidentale, fondée sur le calendrier solaire, et l'astrologie chinoise, fondée sur le calendrier chinois. Cette dernière s'est répandue en Europe occidentale vers la fin des années 1970[réf. nécessaire].
Si sa pratique de base reste l'établissement d'une carte du ciel, l'astrologie occidentale est en constante évolution, ce qui induit un certain nombre de divergences entre astrologues. Ces divergences existaient dès l'époque traditionnelle, portant entre autres sur les différentes méthodes pour le calcul des positions des maisons, et renvoyant surtout à différentes écoles d'interprétation.
Au xxe siècle, l’astrologie connaît un regain d’intérêt avec une approche nouvelle. Des ingénieurs, psychologues et statisticiens abordent cette discipline à l'aide d'une approche statistique.
Aujourd'hui, on peut diviser l'astrologie occidentale en trois branches :
- une astrologie individuelle, qui s'intéresse au thème de naissance d'un individu,
- soit sous l'angle de sa psychologie pour lui faire prendre conscience de lui-même (astrologie fortement influencée par la psychologie et les approchespsychanalysantes) ;
- soit sous l'angle de son chemin de vie, pour lui indiquer les différentes phases de sa vie, moments de transformation, et périodes critiques ;
- soit sous l'angle de ses relations avec les autres, en mettant en relation les thèmes de naissance de plusieurs personnes.
- l'astrologie des horoscopes, directement héritée du Moyen Âge, remise en vogue par les magazines commerciaux dans sa version populaire, qui prétend prédire pour chaque signe astral, les grandes tendances du moment. Cette astrologie devrait probablement plus être considérée sous l'angle du phénomène social, car elle est extrêmement populaire malgré son imprécision fondamentale. Pour cette raison, cette caricature de l'astrologie discrédite probablement l'astrologie « sérieuse ». Fondé (quand il est établi sérieusement) sur une version simplifiée des modèles astrologiques classiques, l'horoscope est généralement considéré par le public qui en est friand, comme une simple distraction sans implications.
- l'astrologie événementielle, qu'il s'agisse de prédire les grands évènements (Astrologie mondiale) ou l'évolution de la bourse. L'astrologie boursière a fait son apparition dans les années 1930, avec Gustave Lambert Brahy, son but étant de prévoir l'évolution des indices boursiers58.
- l'astrologie en cartomancie, qui affine les prédictions des tirages de cartes grâce aux influences astrales représentées sur les lames d'oracles. Les planètes ou astres du système solaire deviennent ici support de voyance.
Ces pratiques sont aujourd'hui toutes sujettes à critiques et à controverses. Malgré l'apparence scientifique que pourraient donner l'usage affiché de calculs compliqués, la précision des dates de naissance (heure, géographie...) et le recours quasi-systématique à l'ordinateur, l'astrologie est considérée comme une pseudo-science (ou superstition) par la communauté scientifique.
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